Nos vidéos porno deCumshot
Le cumshot, aussi appelé money shot dans l’industrie, est au porn ce que l’explosion est au blockbuster. Sur la toile, on trouve tout un tas de vidéos d’individus mâles éjaculant partout – sur le visage de leurs petit(e)s ami(e)s, sur des photographies fétiches de people glamour, sur des sous-vêtements en nylon. Mais si la juteuse catégorie du cumshot a son best seller, il s’agit bien évidemment de l’éjaculation faciale. Même ceux qui n’ont cure de la porn culture se gaussent volontiers de l’appellation démocratisée de “bukkake”, ce rituel hérité du japon féodal. Les fappeurs le savent, rares sont les vidéos amats’ ou pros qui ne se concluent pas sur du cumshot.
Pourquoi ? Parce que, clou de spectacle, le cumshot est l’effet-miroir par lequel le spectateur s’identifie au performer/amateur. La possibilité d’éjaculer en choeur avec son double virtuel, la voici, la vraie interactivité que permet la pornographie. Au delà du hardcore, le fétiche du sperme est depuis un bon bout de temps exploité à travers l’imagerie publicitaire (de la métaphore légèrement lourde à la clairement beauf, des yaourts aux bagnoles) et ose aujourd’hui se montrer dans les divertissements mainstream – dans la série Girls par exemple.
Mais comment expliquer ce culte de la semence ? Délire de compétition masculine, pourrait-on dire en sortant nos gros sabots, que cette célébration de l’éjaculation, de son intensité et de sa quantité. Mais l’idée d’un choc esthétique y est peut être pour quelque chose. Dans Esthétique de l’éjaculation (éditions Le Murmure), Antonio Dominguez Leiva décrit la “foutromanie” comme une forme de beauté érotique et poisseuse. Au fond, le cumshot n’est pas si éloigné d’un film d’Antonioni : c’est un long exercice contemplatif. Cette dimension obsédante, on la retrouve à travers les centaines de compilations de cumshots au ralenti qui inondent les tubes. Le slow porn permet certainement de mieux envisager cette profanation qui, quand elle ne recouvre pas le X, entâche carrément la société contemporaine – remember l’affaire Monica Lewinsky ?